Le marché du travail à effectifs réduits
C'est depuis au moins une dizaine d'années que l'on parle de la pénurie de main-d'œuvre qui frappera de plein fouet le marché du travail. Avec la crise économique, qui a touché sévèremment plusieurs industries au cours de la dernière année, on dirait que les éventuels problèmes de main-d'œuvre occupent de façon plus timide les tribunes. Peut-être même que certains employeurs espèrent que l'augmentation du chômage rendra les travailleurs plus disponibles et faciles à recruter ! Pourtant, récession ou pas, le choc démographique que s'apprête à vivre le Québec est bel et bien réel.
Les projections ne sont guères rassurantes... Dès 2013, le vieillissement de la population entraînera des problèmes accrus de recrutement de personnel qualifié, et plus encore au Québec puisque la proportion des 65 ans et plus y sera plus élevée qu'ailleurs au Canada.
2013 : l'heure de la décroissance
Dans son Point de vue économique, publié en mai dernier, Desjardins mentionne que la population du Québec est encore relativement jeune, mais que les premiers baby-boomers atteindront très bientôt l'âge de 65 ans. Il est écrit que : « Comme la vague de naissances survenue au cours de cette période (entre 1946 et 1966) a été relativement plus forte ici qu'ailleurs en Amérique du Nord, l'effet à venir sur le vieillissement de la population sera beaucoup plus marqué. Dans une quinzaine d'années, près du quart des habitants de la province seront âgés de 65 ans ou plus. »
Le vieillissement de la main-d'œuvre combiné au déclin de la population active (les 15 à 64 ans), qui, comme le révèle Statistique Canada, devrait s'amorcer dès 2013, place le Québec en bien mauvaise posture. La courbe démographique démontre qu'une diminution de la population active de 0,1 % à 0,4 % est prévue au Québec entre 2014 et 2021. Dans Perspectives démographiques du Québec et des régions, 2006-2056, l'Institut de la statistique du Québec signale que c'est à partir de 2018 que l’effectif des 20-29 ans connaîtra sa chute la plus marquée : « On comptera alors quatre entrants potentiels sur le marché du travail pour cinq sortants éventuels. » D'ici à 2056, toujours selon les projections, l'indice de remplacement de la main-d'œuvre ne parviendra pas à reprendre son équilibre, soit un jeune susceptible d’entrer sur le marché du travail (20-29 ans) pour une personne en voie de prendre sa retraite (55-64 ans).
Faire face à un choc inévitable
Le nombre de naissances qu'enregistre le Québec depuis les dernières années élargira certainement le bassin de travailleurs, mais ce n'est qu'à long terme que l'on pourra voir ces nouvelles personnes être actives sur le marché du travail.
En fait, s'il existe une piste de solutions, elle se trouve peut-être dans un ensemble jumelé de mesures et d'actions qu'il faudra mettre ou continuer de développer pour repousser ou, mieux encore, amoindrir cette pression démographique liée à l'inévitable renversement de la pyramide des âges.
Parmi les avenues possibles, on salue évidemment les différentes mesures favorisant l'immigration et celles incitant à retarder la retraite. On parle également de l'intégration d'un maximum de personnes aptes à l'emploi, de davantage de flexibilité pour les travailleurs atypiques, d'une mobilité accrue de la main-d'œuvre entre les provinces et d'une plus grande reconnaissance des diplômes et des qualifications des immigrants.
Du côté des employeurs, le renouvellement de la main-d'œuvre demeure, depuis le début des années 2000, la préoccupation numéro un selon les sondages, mais pourtant les actions tardent... En effet, pour être attrayantes, conserver leur savoir, être entourées de personnel expérimenté et innover afin de maintenir ou augmenter leur productivité, les entreprises doivent investir. Si la question salariale est importante, il s'avère aussi nécessaire de se questionner sur les conditions de travail. Le fait est que l'arrivée des jeunes sur le marché du travail n'augmentera pas assez rapidement pour remplacer les travailleurs en fin de carrière et que pour détourner certains effets de la pénurie de main-d'œuvre, le capital humain constituera toujours un investissement rentable.
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